Message de Mgr Louis Corriveau à l’occasion de la présentation du rapport-synthèse du comité ad hoc sur l’avenir du patrimoine bâti
Lecture de la lettre de saint Paul apôtre aux Éphésiens 4, 1-7.11-13
Moi qui suis en prison à cause du Seigneur,
je vous exhorte donc à vous conduire
d’une manière digne de votre vocation :
ayez beaucoup d’humilité, de douceur et de patience,
supportez-vous les uns les autres avec amour ;
ayez soin de garder l’unité dans l’Esprit
par le lien de la paix.
Comme votre vocation vous a tous appelés à une seule espérance,
de même il y a un seul Corps et un seul Esprit.
Il y a un seul Seigneur, une seule foi, un seul baptême,
un seul Dieu et Père de tous,
au-dessus de tous,
par tous, et en tous.
À chacun d’entre nous, la grâce a été donnée
selon la mesure du don fait par le Christ.
Et les dons qu’il a faits,
ce sont les Apôtres,
et aussi les prophètes, les évangélisateurs,
les pasteurs et ceux qui enseignent.
De cette manière, les fidèles sont organisés
pour que les tâches du ministère soient accomplies
et que se construise le corps du Christ,
jusqu’à ce que nous parvenions tous ensemble
à l’unité dans la foi et la pleine connaissance du Fils de Dieu,
à l’état de l’Homme parfait,
à la stature du Christ dans sa plénitude.
Frères et sœurs,
Je commence mon message avec les mots de l’apôtre saint Paul. L’apôtre a été bouleversé par sa rencontre avec le Christ sur le chemin de Damas. Désormais, il ne voit plus les choses de la même manière. Tout prend son sens dans l’appartenance au Christ. Pour lui, le baptême, qui nous greffe au Christ ressuscité, fait de nous tous et toutes, avec nos différents charismes, un seul et même corps. Ce merveilleux mystère constitue la fondation de notre vivre ensemble. Nous sommes liés les uns aux autres dans le Christ. C’est dans cet esprit que j’aimerais qu’on envisage les prochaines années de la vie de notre Église.
Des questions cruciales m’ont été posées depuis mon arrivée à Joliette en août 2019 : où allons-nous, Monseigneur? Avons-nous une vision commune? Plus tard, une autre question s’est ajoutée au cours d’une réunion du conseil des affaires économiques: Monseigneur, allez-vous vendre toutes les églises? Ces questions majeures ont déclenché une réflexion qui m’a amené à former un comité spécial qui aurait pour but de réaliser un VOIR sur la situation actuelle de notre patrimoine bâti. Il fallait commencer par cela car on ne peut envisager l’avenir (vision) tout en ignorant la réalité concrète de notre situation. Cet exercice du VOIR a permis aux membres du comité ad hoc sur l’avenir du patrimoine bâti de rencontrer des acteurs sur le terrain, des hommes et des femmes de cœur préoccupés par l’avenir de leur paroisse et aussi des bâtiments qui font bien souvent partie du cœur villageois des municipalités. Ces nombreuses rencontres vécues dans les paroisses ont fait ressortir des inquiétudes, des peines, des peurs. Il n’est pas facile pour personne d’envisager la vente ou la cession d’une église. Le deuil à vivre est réel.
La lettre de saint Paul sur laquelle j’appuie mon propos parle de construction. Cet appel à bâtir le corps du Christ, dont nous sommes les membres par notre baptême, arrive à contre-sens de cette période difficile où nous cédons nos bâtiments. Comment continuer à construire dans cette période de déconstruction? Le comité ad hoc, après avoir écouté les acteurs de la pastorale, les administrateurs des assemblées de fabrique, fait des recommandations. On y parle essentiellement du regroupement des forces. Derrière le mot pôle pastoral et administratif, il y a l’idée des ressources humaines et financières à mettre en commun.
Ce travail de regroupement des forces, qui est déjà commencé, doit continuer dans l’humilité, la douceur et la patience. L’expérience de la tournée du comité ad hoc dans les 3 dernières années démontre que le dialogue continuel est nécessaire et constructif. Savoir écouter les peurs, les résistances, les besoins et les questions, nourrit la communion entre nous et enlève des barrières de méfiance. Notre Pape François sait de quoi il parle quand il nous exhorte à marcher ensemble.
Dans cette marche ensemble, nous avons besoin de nous soutenir les uns les autres. Des personnes qui travaillent aux différents services diocésains et des animateurs régionaux seront là pour appuyer les assemblées de Fabrique et les équipes pastorales dans les prochaines années. Supportez-vous les uns les autres avec amour, nous dit la parole de Dieu. Nous avons besoin les uns des autres dans cette marche où les obstacles nombreux seront sans nul doute au rendez-vous !
Au-delà du regroupement des ressources financières et administratives, il y a l’union des cœurs qu’il faut chercher de plus en plus. Notre vocation, mot répété deux fois par saint Paul, nous appelle à garder l’unité dans l’Esprit par le lien de la paix. C’est à l’amour mutuel qu’on reconnaîtra que nous sommes les disciples du Christ.
Au regard de ce qui précède, permettez-moi de vous partager ma préoccupation face à la fatigue de plus en plus manifeste chez les leaders pastoraux. Dans nos considérations pour l’avenir, il faudra tenir compte du bien-être des personnes en responsabilité. La tâche devient de plus en plus lourde et nous ne pourrons pas tout maintenir comme avant. Cela concerne également la célébration du dimanche. Il m’arrive souvent de parler de l’importance de nous regrouper pour éviter la dispersion. S’accueillir mutuellement, célébrer l’eucharistie, manger ensemble, se ressourcer, tout cela demande du temps et de la patience; c’est pour cette raison qu’il fait bon de nous rassembler de temps en temps dans un même lieu le dimanche.
La question des lieux m’amène à une autre préoccupation. Allons-nous tout vendre? A mon humble avis, il ne faudrait pas. Nous avons besoin de nous sentir chez nous dans certaines de nos églises. Et qu’en sera-t-il des autres lieux de rassemblements que jadis constituaient nos presbytères? Il ne reste presque plus de presbytères qui nous appartiennent. Où allons-nous vivre nos réunions pour réfléchir sur la pastorale, partager la parole de Dieu, accueillir les enfants et les adultes pour la catéchèse? C’est avec ces questions que nous continuerons nos dialogues. Le rapport-synthèse du comité ad hoc sur le patrimoine bâti constituera une référence très utile pour nos discernements. Il est l’aboutissement de nombreuses réunions et d’une volonté d’avancer dans la confiance. Je vous encourage donc à prendre en compte les recommandations de ce rapport que j’approuve.
Où allons-nous, Monseigneur? Quelle est la vision? Je vois des hommes et des femmes qui se parlent, qui prient ensemble l’Esprit Saint, qui se font confiance, qui partagent leurs ressources, qui avancent en sachant que le Seigneur est avec eux.
L’avenir n’est pas écrit d’avance mais nous comptons sur le fait que nous sommes tous et toutes les enfants d’un même Père et sur le don de l’Esprit pour avancer dans la paix et non dans la peur. A l’approche d’un nouveau Jubilé dont le thème principal sera l’espérance, une vertu mise à mal actuellement, je vous invite à avancer dans l’unité de l’Esprit par le lien de la paix.
Mgr Louis Corriveau
30 novembre 2024
La tâche devient de plus en plus lourde et nous ne pourrons pas tout maintenir comme avant. Cela concerne également la célébration du dimanche. Il m’arrive souvent de parler de l’importance de nous regrouper pour éviter la dispersion. S’accueillir mutuellement, célébrer l’eucharistie, manger ensemble, se ressourcer, tout cela demande du temps et de la patience; c’est pour cette raison qu’il fait bon de nous rassembler de temps en temps dans un même lieu le dimanche.
